[Lifestyle] Oulaya Amamra et Emma Benestan nous parlent du film Animale : “On en a marre de l'injonction à être des femmes fortes !”

[X A V I]

 

Avec Animale, son deuxième long-métrage, Emma Benestan signe un admirable tour de force. Non seulement celle-ci opère un grand écart stylistique, s'éloignant des rivages de la comédie romantiques qu'elle foulait avec Fragile, son premier film sorti en 2021, mais elle touche aussi à l'un des genres les plus ambitieux à aborder – le film de genre. Filant l'approche féministe qui motivait Fragile, la cinéaste franco-algérienne choisit d'installer son récit en Camargue, paysage presque mystique qui a façonné les images de son enfance. Mais dans Animale, la Camargue fuit le réel et devient magique, dotant la jeune Nejma (géniale Oulaya Amamra), de nouveaux pouvoirs inexpliqués. Que s'est-il passé, lors de cette nuit dont elle a tout oublié ? Quelle est la transformation que son corps subit ? Ce ne sont pas les réponses à ces questions qui importent à la cinéaste. D'ailleurs, elle n'apporte pas de conclusion à son récit, préférant laisser le public s'emparer de cette histoire, et initier de multiples conversations autour des injonctions à la virilité qui incombent aux hommes, et parfois même aux femmes.

Sur la plage de la Semaine de la Critique, au cœur du Festival de Cannes 2024, nous avons échangé avec Emma Benestan et son actrice fétiche, Oulaya Amamra. L'occasion d'évoquer les rapports de domination qu'aborde leur nouveau film ensemble, mais aussi son tournage difficile et l'état de santé du cinéma de genre en France.Emma Benestan. En fait, quand j'ai commencé à tourner Fragile, j'avais déjà signé Animale. Et puis pour moi, ce sont les deux faces d'une même médaille. Dans les deux films, j'interroge la fragilité masculine. Dans Fragile, j'utilisais la comédie romantique, un genre dit plus féminin que masculin. Cette fois-ci, je voulais faire l'inverse, c'est-à-dire réfléchir à la puissance d'une femme dans un genre dit plus masculin : celui du western. Il n'y a pas que les acteurs qui peuvent changer de registre ! Et puis la Camargue, j'ai grandi à deux heures de cette région, j'ai déjà fait deux documentaires là-bas.

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